Marc Nucera…
Ce site retrace un parcours de 30 ans de travail marquant les différentes étapes qui ont fait évoluer celui-ci.
Travail sur l’inscription dans le paysage dans mes premières interventions. “L’Arbre Majestueux” déployait les horizons proposés.
Cela était d’accompagner les circulations existantes. Souligner, cadrer le paysage avec des géométries simplifiées, des formes organiques, modelées, pétrifiées.
Pour accompagner la puissance sculpturale du paysage, me soumettre à l’impermanence et à l’inconstance de la matière me plaisait. Sa puissance de renaissance et son retour à la terre dans sa transformation. Un renouvellement incessant en accord avec la nature.
Le travail d’atelier qui a suivi m’a permis de m’émanciper des forces liées au lieu dans lequel j’intervenais. Dès lors, une introspection s’opère dans la liberté de construction non soumise à un lieu défini. Une recherche sur la variété de formes et d’inscription que me proposait mon outil qui est la tronçonneuse et la matière bois, un éventail infini de possibilité s’offrait à moi.
Ma géométrie de base est le cylindre, correspondant au tronc de l’Arbre. Il réside un mémoire dans le rendu du travail. Ce qui fait l’unicité de chacune de mes sculptures.
La singularité de l’Arbre défini la sculpture à venir.
Une intervention en 3 étapes.
- Extraire une identité de la masse, silhouette générale en vue du thème choisi : Cocon, torsion, colonne drapée etc…
- Sur cette première étape établie, le travail de recouvrement se fait par inscription. Animer la matière, vivifier une dynamique, exercer l’entaille à l’accroche de la lumière et sa rediffusion. Obtenir une vibration sans contour définis.
- Puis révélé une substance, travail sur la fibre, un effet de surface, obtenir une peau, une trame, une onctuosité.
Ses modes de construction, empreinte d’inscription, résulte de formules et de gestes répétées. D’où la nécessité de l’exercice qui emmène à un savoir-faire, une maitrise du geste. Cela veut dire recommencer, réessayer, reformuler l’acte, se remettre en question. Chercher à libérer un travail d’intuition dans la spontanéité du geste.
Un travail “Per via di levare”. Un acte sans retour. Assumer, accepter ses imperfections, ce qui pour moi donne l’humanité à l’œuvre. Une recherche d’harmonie dans la fragilité.
Que la sculpture existe au cœur plus qu’à la surface. Le beau, le parfait n’est pas mon exigence.
Je travaille mon imparfait, chaque jour, à vouloir accepter ma différence. Mon individualité, ma singularité.
Une recherche d’harmonie dans la contradiction de lignes, une recherche d’équilibre dans la découpe du volume soumise à la masse. Une symbiose dans l’assemblage de ses différents modes de construction, mode d’inscription. Souhait d’une fluidité dans le résultat, quelque chose qui découle comme une évidence est ma quête, mon cheminement.
Le détail à son importance, le lien, les accords, rendre homogène, unifier l’ensemble, harmoniser un tout, en effaçant la complexité technique d’exécution.
Créer une émotion chez celui qui regarde, qu’il puisse la vivre, qu’il développe face à l’œuvre son propre imaginaire.
Pour moi, l’art doit proposer la paix. Je crois en la spiritualité de l’œuvre.
Je souhaite que mes sculptures soient ouvertes au dialogue, puissent converser dans différents contextes, qu’elles portent en elle humilité et discrétion. Je les veux, cela dit, constituée des études auxquelle elles ont été soumises au fils des années d’exercice.
Ici est présenté l’évolution de mon acte sculptée. Les étapes majeures qui m’ont emmené au cheminement, à la réflexion actuelle. J’ai favorisé le murissement du geste dans l’exercice d’un quotidien. Mise en avant de la richesse plastique de cette matière qui est le bois.
Une matière à l’échelle humaine la plus proche du vivant.
Marc Nucera
Sculptures au fil du temps…
Dès ses premiers travaux (1990, cœurs d’arbres), Marc Nucera est en lien direct avec les éléments naturels. Il a commencé par une longue fréquentation topiaire des arbres, travaillant patiemment, à hauteur de leurs ramures, à les faire évoluer sur des années, le plus harmonieusement possible selon leur con gurations naturelle et leur lieu de vie. Il intervient dans des domaines privés des Alpilles, du Lubéron et, élargissant sa réputation et son cercle amical, bien au-delà.
Puis, c’est leur fût qui concentre son intérêt. Chacun est choisi en fonction de son diamètre ou de sa longueur, et travaillé dans son atelier de plein air. Il est tout d’abord sculpté pour des usages simples, sièges et tables destinés à rester dehors, parfois emboîtés en une forme unique, d’autres fois alignés ou empilés à la manière des Architectones de Malevitch, leur douce patine s’embellissant des intempéries. Dans ces pièces, Marc Nucera exprime un juste équilibre entre la simplicité du matériau et celle de l’usage. Dernier né parmi elles, le banc-vrille, décliné de diverses manières a dépassé son statut d’objet fonctionnel pour s’installer dans le paysage en termes de sculpture.
Le travail s’émancipe vers des formes plus libres, inspirées par leur matériau même, boule aussi branchue qu’une pomme de pin, ou aussi peu ronde que les nœuds de son bois le suggèrent, sculptures aussi hautes que le permettent les fûts d’origine dont elles subliment la verticalité : colonnes torsadées (2004), mais aussi évidées, ajourées, percées, selon un travail demandant toujours plus de dextérité.
La colonne sculptée peut se faire anthropomorphe, un couple se révéler dans ses contours, des caryatides et des titanides aux dimensions imposantes apparaissent, puissantes et féminines (2009-2012). Chacune rejoue son origine naturelle de façon singulière, dans la sincérité de sa taille, la puissance de sa forme, l’évidence de son inspiration.
L’artiste travaille per via de levare avec de multiples tronçonneuses et même si le geste requiert force et détermination, Marc Nucera le vit comme un acte sensible, à l’écoute de la matière, qui découpe, évide selon son sens, respecte son énergie, en exalte la vitalité.
Marc Nucera revêt certaines de ses sculptures ou certaines de leurs parties, d’une “peau” ou d’un drapé obtenu par de nos entailles, long travail de patience et de concentration. Ce sont des effets de plis, de creux qui, la plupart du temps, dialoguent avec les veinures et les courbures du bois, les mettent en valeur. Mais elles peuvent aussi venir les trancher à vif, scari cations qui creusent la matière, font jouer la lumière, modulent ou contrastent la forme. Leur franchise exalte la matière naturelle du bois et vient affirmer leur volonté sculpturale.
Françoise BERTAUX
Naissance d'une œuvre…
Du tronc… à l’œuvre. Un reportage de 26 minutes où l’on découvre le travail de Marc Nucera et la naissance d’une création, depuis le dessin à sa signature finale.
Un film de François Manceaux